Dans une affaire de destruction illégale d'une pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla), dit « Morzine », un chasseur a été condamné à quatre mois de prison avec sursis et à des amendes jusqu'à 1 000 € pour d'autres infractions liées à la chasse. Les sanctions supplémentaires comprenaient la publication du jugement dans des revues cynégétiques, une interdiction de port d'armes à feu pendant trois ans, la suspension de son permis de chasse pendant trois ans et la confiscation d’armes et de munitions.
Le pygargue à queue blanche est une espèce strictement protégée, inscrite sur la Liste rouge française comme espèce en danger critique d'extinction et faisant l'objet d'un plan d'action national coordonné par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) France.
Plusieurs ONG ont obtenu des dommages et intérêts moraux allant de 500 € à 3 000 €. L'ONG « Aigles du Léman » a reçu 15 800 € de dommages et intérêts matériels, correspondant aux frais de réintroduction et de soins de l'aigle tué. Le tribunal a souligné qu'en 2024, il ne restait que sept couples reproducteurs et onze jeunes oiseaux dans deux régions de la France. La perte d'un seul individu avait donc un impact gravissime sur l'état de conservation de l'espèce.
En tant que coordinateur du plan d'action national, la LPO France a été reconnue comme ayant la capacité de prendre les mesures appropriées pour réparer le préjudice écologique. La court a réaffirmé son obligation d'assurer une indemnisation intégrale du préjudice écologique et a déclaré qu'il conservait son pouvoir souverain d'appréciation pour déterminer la méthode la plus appropriée d'évaluation de la réparation financière.
La cour a retenu la méthode d'évaluation proposée par la LPO France, élaborée par la Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DEAL) de La Réunion, qui a estimé la valeur de l'aigle tué à 81 000 €. Ce chiffre était basé sur le prix d'achat d'un aiglon (1 700 €), multiplié par divers indices (allant de 1 à 10) non précisés dans l’arrêt. L'évaluation a pris en compte des facteurs tels que les services écosystémiques rendus par l'espèce, son statut d'espèce en danger critique d'extinction, son importance symbolique, l'existence d'un programme de conservation et son rôle écologique essentiel. La commune où l'abattage a eu lieu a également demandé une indemnisation pour préjudice écologique, mais sa demande a été rejetée. La cour a jugé que le préjudice écologique constitue un préjudice unique qui ne peut être démultiplié entre les demandeurs.